Communiqué ONU
En visite dans la capitale des Etats-Unis, Washington, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a appelé jeudi à une refonte globale de l'éducation pour lutter contre les causes des conflits et empêcher que des atrocités ne soient commises à travers le monde.
Dans un discours prononcé à l'Holocaust Memorial Museum (Musée du mémorial de l'Holocauste), une semaine après la célébration du 70ème anniversaire de la libération du camp d'extermination nazi d' Auschwitz-Birkenau, M. Zeid s'est livré à une analyse des processus et défaillances humaines ayant permis aux Nazis de mener à bien « la plus grande entreprise organisée de destruction humaine de l'Histoire ». Des processus similaires, a-t-il souligné, sous-tendent les atrocités commises par l'Etat islamique d'Iraq et du levant (EIIL) en Syrie et en Iraq, ainsi que par d'autres groupes adeptes de la même idéologie takfiriste en Somalie, au Nigéria, au Pakistan et ailleurs.
Le Haut-Commissaire a cité une déclaration du leader nazi Hermann Goering, selon qui « entraîner le peuple est toujours chose facile, que l'on soit en démocratie, dans une dictature fasciste, au sein d'un parlement ou dans une dictature communiste ».
« Cette même logique est devenue monnaie courante dans le monde actuel : 'Je torture parce qu'une guerre justifie mes agissements. J'espionne mes citoyens, aussi répugnant soit-il, parce que le terrorisme l'exige. Je ne veux pas de nouveaux immigrants ou je discrimine les minorités parce que notre identité communautaire ou mon mode de vie est menacé comme jamais auparavant. Je tue les autres, parce que les autres vont me tuer – et ainsi de suite, encore et encore », a déploré M. Zeid.
Le Haut-Commissaire a noté que les droits de l'homme sont le seul recours afin de prévenir ces atrocités, ajoutant cependant que les dirigeants choisissent trop souvent délibérément de les ignorer.
Selon M. Zeid, les représailles violentes contre les auteurs des atrocités ont seulement des effets limités. « Les bombarder ou couper leurs moyens de financement n'est clairement pas suffisant », a-t-il dit, dans la mesure où ces groupes n'ont cessé de proliférer et de gagner du terrain. « Il est nécessaire de combattre sur un front différent […] basé sur les idées ».
« La clé est de repenser la façon dont l'éducation est dispensée à travers le monde », a estimé le Haut-Commissaire, appelant de ses vœux un « enseignement allant au-delà de la lecture, de l'écriture et de l'arithmétique pour inclure les compétences et les valeurs susceptible d'inciter les individus à agir avec responsabilité et avec respect ».
« L'humanité a-t-elle bénéficié du fait que Josef Mengele ait été diplômé en médecine et en anthropologie, sachant qu'il a été capable de commettre les crimes les plus inhumains? Huit des quinze personnes qui ont planifié l'Holocauste à [la Conférence de] Wannsee en 1942 étaient diplômées de doctorats », a ajouté M. Zeid, soulignant que seule une éducation incorporant une importante dimension universelle en matière de droits de l'homme permettra de lutter contre les atrocités.
« Tous les enfants, dès le plus jeune âge, devrait recevoir un enseignement axé sur les droits de l'homme », a insisté le Haut-Commissaire. « Les enfants du monde entier ont besoin d'apprendre ce que sont le fanatisme et l'intolérance, et les terribles effets qu'ils peuvent produire. Ils ont besoin d'apprendre que l'obéissance aveugle peut être exploitée par des figures d'autorité à des fins néfastes. Ils doivent aussi apprendre que l'endroit où ils sont nés, leur apparence, leur passeport, leur classe sociale, leur caste ou la religion de leurs parents ne font pas d'eux des êtres exceptionnels; ils doivent apprendre que personne n'est intrinsèquement supérieur à ses sœurs et frères humains ».
